C'est par un bel après midi printanier que nous nous dirigeons vers Sevrier; nous sommes 25 à admirer la vue sur le lac accompagné du beau carillon de l'église de Sevrier.
Il est 15h30 et l'heure de rentrer dans l'écomusée où Amélie nous accueille avec son joli sourire.
D'abord nous nous installons dans une petite salle où notre guide nous fait découvrir les costumes traditionnels savoyards du 19éme siècle.
Nous avons la chance d'avoir un "mannequin" avec nous en la personne de Philippe qui se prête gentiment au jeu en se laissant habiller par Amélie
En guise de costume des jours, l'homme porte un gilet et un pantalon sur une ample chemise de toile (en lin ou en chanvre, tissé parfois avec de l'ortie) avec un "panté" (pan plus long à l'arrière) qui se ramène vers l'avant et évite le port du caleçon. Une grande pélerine noire en laine et une "tarte" sur la tête
Pour les fêtes, l'homme revêt un costume plus riche et qui diffère d'un village à l'autre. Ce peut être une "maille" (veste en laine tricotée de points compliqués), un gilet en velours de soie brochée ou en tiretaine (laine tissée), une veste en drap de laine avec des parements de velours... et toujours, sur la tête, le chapeau de feutre noir et rond.
Dans la région d'Annecy, pour les "jours", la femme porte une jupe et un caraco de simple lainage. Elle complète sa tenue par un tablier et un châle, (souvent une "indienne" de coton imprimé venant de la Manufacture d'Annecy). Sur la tête, elle porte une petite coiffe blanche de coton piqué ou "serre-tête".
Pour les fêtes et les dimanches, la Savoyarde revêt un costume plus riche, composé d'une robe de lainage façonné, d'un châle et d'un tablier (en indienne de coton, puis en soie vers la moitié du 19e siècle), aux couleurs toujours harmonieuses. Sa coiffe est joliment travaillée, ornée de dentelle aux fuseaux blanche ou noire, brodée, plissée ou tuyautée à la paille ou au fer, serrant le chignon ou nouée sous le menton, selon les villages. Autour du cou, avant son mariage, la jeune fille porte une croix en argent. Plus tard, elle portera une croix en or, offerte par son époux le jour du mariage.
A l'aube du 20e siècle, le costume traditionnel a disparu depuis longtemps dans les villes et en plaine.
Chaque costume est une véritable œuvre d'art, fruit de longues heures de travail, de patience et de savoir-faire. Le faire durer et le préserver est donc une nécessité, imposée par le principe d'économie d'une société vivant largement en autarcie. Les matières premières textiles sont produites à la maison (laine, chanvre, lin, cuir)... alors que les articles manufacturés sont achetés avec parcimonie tellement leur prix est élevé pour les familles modestes.
Les femmes doivent donc rivaliser d'ingéniosité et de créativité pour prolonger la vie des vêtements. Ainsi, le raccommodage et le rapiéçage sont travaux courants à la veillée : retournage d'un col, pose d'une bande de tissu, sur l'envers, pour renforcer le bas d'une robe... Les chaussettes sont tricotées en plusieurs pièces que l'on peut changer une par une, au gré de l'usure.
les enfants ont eux aussi leurs costumes selon leur âge:
jusqu'à 1 an ils portent la magnule et le bonnet
de 1 à 5 ans: le sarrau et le blanchet
à partir de 5 ans: la jupe et le caraco
Les chapeaux sont soigneusement entretenus, brossés avec du café noir pour redonner du lustre... tout comme les chaussures dont le cuir est enduit de graisse de porc ou de pied de bœuf en plaine ou de marmotte en montagne. Pour faire durer les semelles des galoches et préserver le bois de l'usure, ferrage et cloutage sont indispensables.
La lessive des petites pièces requiert les meilleurs soins ; les lainages sont lavés à la saponaire, au lierre ou au bois de panama alors que la grosse lessive, à la cendre de bois, est "coulée" deux fois par an, au printemps et à l'automne.
Avant de parcourir les 3 salles du musée pour découvrir la vie quotidienne de l'époque, mais aussi la petite et la grande histoire de la Savoie, nous regardons un petit film d'une vingtaine de minutes
Au fil des saisons, P'tiou Louis, âgé de 10 ans en 1875, évoque ses souvenirs d'enfant dans la Savoie du 19e siècle. Ce film nous raconte la vie des Savoyards de jadis, rythmée par les travaux des champs, les fêtes et les veillées, les jeux, les danses et les chants. Mais avec l'automne, le départ est imminent : P'tiou Louis va quitter son village pour devenir ramoneur à Paris.
Savez vous quelle est la plante textile la plus répandue dans la Savoie du 19éme siècle?
Le chanvre ,apprécié pour ses nombreuses qualités. Il résiste à la chaleur, à l’humidité, aux insectes, à la lumière et à la rupture ,nécessite aucun herbicide, ni apport d’eau, et contribuant à bonifier le sol pour les autres cultures.
Plusieurs étapes sont nécessaires avant l'utilisation pour confectionner les vêtements:
semailles en mai
le rouissage pour détruire la partie gommeuse qui unit les fibres
le teillage pour séparer l'écorce de la tige
le broyage pour détacher la filasse
le battage pour assouplir
le filage avant de le monter sur le métier à tisser
Il n'y avait pas de télé à l'époque ..... alors comment occupaient ils leurs soirées?
On appelait ça des veillées pendant lesquelles on sculptait le bois, on tricotait la laine, on teillait le chanvre ou on gromaillait les noix, on brodait en faisant de la dentelle aux fuseaux pour les coiffes des femmes, des "dessous" et du linge de maison (technique sui se termina à l'arrivée de la 1ére guerre mondiale)
Au 19é les barques à fond plat transportent les lourdes marchandises sur le lac. Combien fallait il de jours pour parcourir les 14km entre le Bout du lac et Annecy? 15 jours (alors que maintenant il faut quelques minutes pour relier les 2 bouts du lac !!!)
Pour gagner leur vie certains hommes quittent leur village à l'automne pour tenter de gagner un peu d'argent; ils deviennent "bâli ou portà balà" , mais qu'est ce donc?? frotteur de souliers (ancêtre du cireur de chaussures); il brosse, décrotte et fait briller les chaussures. Ils peuvent être aussi colporteurs ou vendeurs ambulants .
Les enfants quittent eux aussi leur village pendant l'hiver; ils sont musiciens de rue en jouant de la vielle à roue. Certains comme P'tit louis partent sur les routes de France pour aller ramoner les cheminées dans les villes afin de fuir la pauvreté. Les lois françaises de 1874 et 1892 ont mis fin à l'exploitation de ces jeunes enfants. C'est ainsi qu'est né le joyeux emblème du petit ramoneur savoyard.
A la fin de cette immersion dans le temps nous retrouvons Amélie pour un goûter autour d'un délicieux gâteau de Savoie accompagné soit d'un jus de pomme ou d'une boisson chaude.
A17h00 nous quittons cette atmosphère d'antan pour nous replonger dans le bruit actuel de la ville et de ses bouchons !!!!
Beaucoup d'entre nous ne connaissaient pas ce musée intéressant et captivant, les plus âgées d'entre nous y ont retrouvé un peu de leur passé.
Une belle découverte
regardez les photos pour vous aussi vous plongez dans cette époque